Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE |
Né probablement le 29 juin 1609 à Béziers (son acte de naissance est
introuvable), Pierre Paul Riquet est mort à 71 ans, le 1er octobre 1680
à Toulouse. Il y est enterré dans la cathédrale Saint-Etienne.
Ses ancêtres seraient d'origine Florentine (branche
Arrighetti) et Provençale (branche Riquetty) qui donnera la famille
Riquet, comte de Camaran. Le père de Paul était notaire, procureur du
Roi et surtout homme d'affaire très habile. Il poussera son fils à
entrer dans l'administration des gabelles car il sait que cette voie
peut être une source d'enrichissement rapide pour lui. Il se marie en
1637 à l'âge de 33 ans, avec Catherine de Milhau, fille d'une famille
bourgeoise de Béziers. Ils auront cinq enfants, deux garçons,
Jean-Mathias et Pierre Paul, ainsi que trois filles, Catherine, Marthe
et Anne. Ils s'installent à Revel où il exerce sa fonction de fermier
des gabelles, tâche qui consiste en la collecte de l'impôt sur le
sel. C'est là que va naître puis mûrir son projet de Canal. Pendant plus
de 20, il amassera une fortune importante grâce à la ferme des gabelles
mais aussi en tant que munitionnaire de l'armée de Catalogne.
En 1661, c'est un homme riche. Il possède de nombreux
appartements et droits sur les biens de la communauté de Revel, dont il
est Juge Royal. Il est baron de la seigneurie de Bon repos, à côté de
Verfeil où il possède 60 ha de forêts de chênes, 150 ha de bois et de
terres, 4 métairies, sans oublier une demeure à Toulouse, dans le
Quartier des Puits-Clos. De grandes qualités habitent cet homme :
travailleur infatigable, doué d'une formidable imagination, audacieux,
enthousiaste, il est aussi servi par un sens aigu de l'observation et
une grande sûreté de jugement. Il allie un esprit d'entreprise prononcé,
à une grande capacité à mener les hommes. Sa spontanéité et sa franchise
le servent tout au long de son existence. Avant tout homme d'affaire, il
est fin calculateur, respectueux de la légalité. Sa sagesse l'aide face
à ses détracteurs ainsi que son humanité. L'homme est
têtu, tenace et solitaire. Lorsqu'une certitude le tient, il n'en démord
pas, et passe outre les interdits, c'est le cas pour le percement du
tunnel de Malpas, pour l'arrivée à l'étang de Thau, ou encore pour le
parcours le long de l'Aude. Il n'apprécie pas de partager les
responsabilités et assume seul ses engagements. Riquet était aussi un
précurseur dans le domaine des droits des travailleurs. Il mit en place
pour les ouvriers qui travaillaient sur les chantiers du Canal ce que
l'on peut considérer comme l'ancêtre de la sécurité sociale. Les
ouvriers étaient payés 10 livres par mois ce qui était bien supérieur
aux salaires qu'ils auraient pu espérer pour la même tâche par ailleurs.
Les jours de repos (jours fériés, dimanches et jours de pluie) n'étaient
pas déduits. Un logement était fourni pour une somme très modique.
Les ouvriers tombant malades étaient payés, comme si ils
travaillaient, pendant le temps de leur maladie. Les instruments de
travail étaient fournis à l'enrôlement, à charge à chacun d'entretenir
son matériel. Ces conditions de travail impensables au XVIIème siècle
comme l'assurance maladie et des salaires élevés n'ont pas fait que des
amis à Riquet parmi les entrepreneurs de la région, les ouvriers se
prenant à rêver à de telles
conditions dans les autres chantiers…